C’est reparti pour un tour ! Emmanuel Macron veut à nouveau faire croire qu’il donne la parole au peuple. Pour cela, il veut réunir une nouvelle « concertation citoyenne », façon grand débat : la convention citoyenne sur l’éducation… Objectifs affichés : débattre des rythmes scolaires, de l’heure d’entrée en classe ou encore de la durée des vacances. 150 citoyens seront tirés au sort. Une belle mise en scène… mais une concertation qui arrive comme un cheveu sur la soupe.
Jamais le budget de l’Éducation nationale n’a été aussi contraint. Le métier d’enseignant est en crise : manque d’attractivité, des enseignants les plus mal payés de l’OCDE, qui ont vu leur pouvoir d’achat dévisser en 30 ans en passant de 2.3 fois le Smic dans les années 80 à 1.2 fois le smic en 2024, des enseignants épuisés par des réformes menées sans évaluations, une école inclusive sous perfusion, des jeunes qui vont mal, et malgré les SOS des professionnels de terrain personne n’entend.
Les solutions ? Elles existent pourtant. Les chronobiologistes, dont Claire Leconte, recommandent depuis des années :
✔ Des journées plus courtes, mais plus régulières (5 jours par semaine de classe).
✔ Une répartition plus cohérente des vacances scolaires.
✔ Une meilleure adaptation des horaires aux capacités d’attention des élèves.
Mais la Société est-elle prête à les mettre en œuvre et surtout : avec quels moyens ?
Encore une fois, on tente de faire entrer l’école dans un moule unique, déconnecté du terrain ! Quand écoutera-t-on enfin les professionnels de l’éducation ?
La mise en place d’une concertation citoyenne est un geste de mépris envers les différentes instances qui ont déjà travaillé sur la question et formulé des recommandations.
Pour rappel :
- En juin 2010, le ministère de l’éducation nationale avait installé une Conférence nationale sur les rythmes scolaires qui a remis, le 11 juillet 2011 un rapport d’orientation avec 10 recommandations.
- Le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) a mis en place, à la demande du ministère, à 2 reprises (en 2015 et en 2024), un groupe de travail sur les rythmes scolaires. Les recommandations sont restées sans effet.
Pourquoi ? Les conclusions ne correspondent-elles pas aux attentes ?
Pendant ce temps, les vrais sujets restent sous le tapis :
- l’attractivité du métier ;
- la revalorisation des carrières ;
- la qualité de vie au travail ;
- une inclusion sans moyens ;
- la santé mentale préoccupante des jeunes.
Alors oui, pour reprendre une expression bien connue du chef de l’État : c’est de la poudre de perlimpinpin.
À force de multiplier les effets d’annonce, le président oublie qu’on ne répare pas l’école avec des rustines médiatiques.
Toute évolution sur les rythmes scolaires aura un impact sur les enseignants et les salariés des établissements sans qu’on leur demande leur avis. On peut craindre aussi que l’objectif caché de cette convention soit en fait une nouvelle attaque, injustifiée, contre le temps de travail des enseignants.
Tirer au sort 150 citoyens ! Pour qu’il en ressorte quoi ?
Les conventions citoyennes pourraient être un outil puissant de la démocratie, mais pour cela elles ne doivent pas être instrumentalisées ni conduire à l’éviction des partenaires sociaux.
Le Snec-CFTC souhaite être associé à cette concertation nationale. Les enseignants et salariés de l’Éducation nationale et de l’Enseignement agricole en ont assez que l’on décide sans eux !
Véronique COTRELLE
Présidente du Snec-CFTC