Crise sanitaire : Des vessies ou des lanternes ?

26/03/20211er degré, 2nd degré, Toutes les actualités

Dans son Avis du 11 mars 2021 (Anticiper et différencier les stratégies pour sortir des phases aigües de l’épidémie), le Conseil scientifique considère (p. 34) :

[…] la fermeture d’écoles apparaît comme une mesure sanitaire de dernier recours comme lors du 1er confinement, dès lors que des protocoles sanitaires efficaces existent […] Elle peut être graduée, en proposant de passer en alternance une semaine sur deux la présence au collège et au lycée comme première mesure en cas de reprise épidémique et en gardant la fermeture des écoles primaires comme mesure de dernière nécessité en cas de forte poussée épidémique.

Or, la « demi-jauge » décidée par le ministère se limite au lycée. L’appellation demi-jauge est d’ailleurs abusive puisqu’il ne s’agit pas de limiter à 50 % l’effectif simultanément en présentiel mais de laisser à l’appréciation des chefs d’établissement le soin de décider de l’importance de l’allègement. Le 50 % est une limite inférieure, celle du nombre d’heures de cours en présentiel dont doivent bénéficier les élèves. En clair : le chef d’établissement peut décider de maintenir en présentiel 80 % des effectifs du lycée.

Selon le Conseil scientifique (p. 33) :

Les écoles sont un lieu de transmission du virus, notamment entre élèves. Il semble cependant que les écoles ne soient pas des amplificateurs de transmission, mais que la circulation du virus en milieu scolaire reflète plutôt celle au sein de la collectivité. La priorité pour maintenir les écoles ouvertes est donc de maintenir la circulation du virus en communauté à un niveau bas […].

Le risque majeur réside dans la transmission du virus des enfants à leurs parents et grands-parents, davantage sujets aux formes graves de la maladie.

Il va jusqu’à quantifier le sur-risque pour les familles (p. 46-47) :

Au sein du foyer, avoir un enfant scolarisé représente un sur-risque d’infection pour les adultes, notamment ceux gardés par une assistante maternelle (+39%), et ceux qui vont au collège (+27%) et au lycée (+29%). Avec une exception toutefois : avoir un enfant scolarisé en primaire n’a pas été jusqu’à maintenant associé à un sur-risque d’infection pour les adultes vivant dans le même foyer. On note cependant depuis janvier une augmentation des infections intra-domiciliaires vers les adultes dues à des enfants de moins de 11 ans.

Par contre, selon le Conseil scientifique, les enseignants ne connaîtraient pas de sur-risque (p. 47) :

Les catégories professionnelles les moins à risque sont, par ordre décroissant de risque, les employés civils et agents de service de la fonction publique, les employés administratifs de l’entreprise, les retraités, les professions intermédiaires administratives de la fonction publique, les personnels des services directs aux particuliers, les policiers et militaires, les professeurs des écoles et instituteurs, les professions intermédiaires administratives et commerciales de l’entreprise, les professeurs et professions scientifiques, et les agriculteurs.

On se souvient que le nuage de Tchernobyl n’avait pas osé franchir la frontière française. Le SARS-Cov-2 aurait il l’infinie délicatesse de se détourner des personnels des établissements pour ne contaminer que les familles des usagers ?

Le Conseil scientifique fait cependant preuve d’une certaine prudence au regard du développement des variants (p. 48) :

Attention, tous ces résultats pourraient être remis en question par l’arrivée des variants [anglais], [sud-africain] et [brésilien] sur le territoire français. Le variant [anglais] est environ 50% plus transmissible que le virus traditionnel. Les modes de transmission semblent être les mêmes, mais la contagiosité est supérieure, et la durée d’excrétion du virus chez les personnes infectées pourrait être plus longue. Nos collègues européens rapportent des épidémies dans les crèches, maternelles, et écoles élémentaires qui n’avaient pas été rapportées jusqu’à présent, sans que l’on puisse savoir s’il s’agit d’une meilleure surveillance dans les écoles, d’une circulation visible car ces lieux sont souvent les derniers à rester ouverts en cas de circulation active du virus en communauté, ou d’un tropisme particulier du virus pour les enfants. Il est possible, si la dose minimale infectante est plus faible avec la contagiosité accrue du variant [anglais], que des modes de transmission inefficaces auparavant chez les enfants le soient devenus avec l’arrivée de ces variants plus contagieux.

Et même (p. 63) :

Deux études récentes au Royaume-Uni […] montrent une létalité plus élevée [du variant anglais] par rapport au virus historique.

En France, début mars 2021, le variant [anglais] est dominant et se situe à un niveau de 70 % avec quelques différences régionales.

[Le variant sud-africain] a été détecté de manière majoritaire en Moselle (54,3 %) et à plus de 30 % dans le Grand Est. Dans cette zone, il est en compétition avec le variant [anglais].

Le ministère s’est-il arrêté avant la page 48 ou l’a-t-il volontairement ignorée ? Toujours est-il que, comme toujours depuis le début de la crise sanitaire, le principe de non-précaution prévaut rue de Grenelle. Et le ministère continue à publier des statistiques qu’on ne peut que trouver grotesques tant elles sont en contradiction avec les données de Santé publique France concernant les 0 à 19 ans.

Enfin, pour les collègues du Grand-Est, fortement impacté par le variant sud-africain, précisons que l’efficacité du vaccin Astra-Zeneca ne serait que de 22 % s’agissant du variant sud-africain et inconnue concernant ses formes sévères (p. 70) :

Quand le moment de vacciner les enseignants sera enfin venu, le ministère fera-t-il preuve de bon sens en leur proposant un vaccin efficace ?

Dans l’attente, on autorise à nouveau les activités sportives en salle, en conseillant de privilégier celles qui sont compatibles avec le port du masque. Et l’on continue à chercher les détecteurs de CO2 qui ont pourtant fait leurs preuves à l’étranger.

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